Qui suis-je

  La prise de conscience de soi

Qui suis-je ?

Il n'est donc pas si aisé de saisir immédiatement ce qu'est une personne: elle est l'objet d'une expérience incontestable, dont on ne peut pourtant guère rendre compte de façon satisfaisante. Descartes croyait pouvoir déduire de l'expérience du « je pense » que je suis une chose pensante. Cela ne va pas de soi. Le philosophe Thomas Hobbes objectait ainsi que c'est comme si je déduisais du fait que je me promène que « je suis une promenade ». L'identité ou l'unité du sujet, dont on ne doute cependant jamais, restent mystérieuse.

Parallèlement, je ne doute pas un instant de l'expérience intime que j'ai de l'existence, de l'unité et de la permanence de ma propre personne à travers le temps et le changement. Et pourtant: quelle expérience aurais-je de moi-même si je n'avais ni pensées ni perceptions ? Par exemple, si l'on se réfère à l'expérience que nous faisons tous du sommeil profond : quelle conscience de moi-même ai-je, lorsque, au ceur de la nuit, mes sens et mon esprit «n'existent plus »? Que reste-t-il alors du « moi » d'un être qui ne perçoit ni ne pense plus rien ? A-t-il une réelle identité ou n'est-il qu'un mouvement perpétuel d'oubli et de ressaisissement de soi ?


Vérité et opinion

De la recherche de la vérité : ce titre de l'ouvre majeure de Malebranche (xvile sia définit depuis l'Antiquité grecque le projet originaire de la philosophie. Or, cet

recherche se heurte à une première difficulté: avant de pouvoir espérer atteindre la 313.

vérité, il faut d'abord vouloir la chercher. Cette volonté ne va pas de soi pour une raison que Platon a bien mise en évidence: l'esprit croit trop facilement être dans la vérité Pourquoi rechercher ce qu'on s'imagine déjà posséder ? Lorsque Platon décrit Socrate interrogeant ses concitoyens sur la justice, l'amitié, la vertu, etc., les réponses ne manquent pas. Tout le monde croit savoir et prétend donner la bonne définition. C'est cette assurance non critique que Platon nomme opinion. L'opinion est un obstacle à la recherche de la vérité parce qu'elle s'appuie sur la force de l'autorité, de la tradition, de la majorité ou du « bon sens ». Elle relève souvent du vraisemblable, c'est-à-dire du < semblable au vrai». Mais que vaut précisément cette ressemblance?

La recherche de la vérité doit donc commencer par une phase critique, une mise en question des opinions: doit-on les recevoir pour ce qu'elles prétendent être, à savoir des vérités ?


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